vendredi 30 mai 2003

L. je t’écris cette lettre toi qui est bien tranquille dans le Pays.

Je t’écris parce que des fois j ‘envie ta solitude.

Il a fait très beau hier et j’ai donc décidé d’aller avec ma douce et tendre à la plage,. Bien évidemment il y avait beaucoup de monde car nous avions décider d ‘aller vers la plage la plus proche.

Quel spectacle. Quelle désolation. Des fois, j’ai envie de m’enfuir et de quitter tous ces cons.

Outre les parisiens venus montrer leurs coups de soleil et leur agressivité au volant (mais ça ç’est l’histoire de l’humanité), il y avait toutes sorte des personnes que d’aucuns appelleraient beaufs qui se promenaient.

Vois-tu, L., je n’aime pas employer ce terme car chacun recherche le bonheur qu’il souhaite et si quelqu’un est heureux d’une manière simple, il n’y a pas de problème. Ainsi est fait notre monde. « Et in arcadia ego”. Mais là, L. mais là…



Ça commence par ceux qui marchent sur la piste cyclable et qui râlent parce qu’il y a des vélos et des rollers (sur la piste cyclable donc) et que c’est dangereux. Alors qu’à un mètre il y a un chemin pour les piétons.

Ensuite, alors que nous roulions, un troupeau de mâles bedonnants d’une trentaine/ quarantaine d’années, la chemise ouverte déclare haut et fort au passage de ma douce : « oh là là, son mec doit s’amuser avec ce qu’elle a »….

Quelle élégance, que d’honneur fait à la légendaire poésie des français quant on en vient au subtil art du badinage et de la séduction …



Que la majorité s’agglutine sur cette plage, refusant de faire 200 mètres pour être un peu plus isolé, soit.

Mais qu’il y ait cette agressivité, cet étalage vexatoire d’une telle médiocrité, L. je me dis que tu dois bien être tranquille, au loin, sur ta plage.

Tu me diras , moi aussi j’ai ma plage, bien plus loin, sans tous ces parasites. Elle est au bord de l’océan et ça fait 25 ans qu’elle m’accueille.

Dans quelques jours, je lui présenterai ma douce et tendre et il n’y aura que le vent, le doux bruit des vagues et l’odeur des pins pour délicieusement nous embêter…



"Et in arcadia ego"


jeudi 29 mai 2003

Un ciel: bleu

Une herbe: verte

Une mer: bleue

Un sable: jaune



Le bonheur tient en peu de couleurs.

mercredi 28 mai 2003

Que de joyaux L. exhumait de la bibliothèque:



Votre âme est un paysage choisi

Que vont charmant masques et bergamasques1,

Jouant du Luth, et dansant, et quasi

Tristes sous leurs déguisements fantasques.



Tout en chantant sur le mode mineur

L’amour vainqueur et la vie opportune,

Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur.

Et leur chanson se mêle au clair de lune,



Au calme clair de lune triste et beau,

Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres

Et sangloter d’extase les jets d’eau,

Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.



Paul VERLAINE, Fêtes galantes. I.



Il regarda par la fenêtre et la vit.....







Que cette nuit était belle...

mardi 27 mai 2003

Et L. entendit ceci au petit matin:Mr. Sandman





Mister Sandman, bring me a dream

Make it the cutest that I've ever seen

Give her two lips like roses in clover

Then tell her that my lonesome nights are over



Mister Sandman, I'm so alone

Don't have nobody to call my own

Please turn on your magic beam

Mister Sandman, bring me a dream



Mister Sandman, bring me a dream

Make it the cutest that I've ever seen

Give her the word that I'm not a rover

Then tell her that my lonesome nights are over



Mister Sandman, I'm so alone

Don't have nobody to call my own

Please turn on your magic beam

Mister Sandman, bring me a dream



Mister Sandman, bring us a dream

Give her a pair of eyes with a congeal of gleam

Give her a lonely heart like Harlehatschi

And not so wavy hair like Liberatschi



Mister Sandman, someone to hold

Would be so peachy before we're to old

So please turn on your magic bean

Mister Sandman, brings us

Please, please, please

Mister Sandman, bring us a dream




Puis il se réveilla....



lundi 26 mai 2003

L. marchait dans un long couloir. Il avait été tiré de son sommeil par les échos fragmentés de cette personne qui parlait. Marchant à pas feutrés pour éviter que le moindre bruit ne perturbe sa concentration. Il s'arrêta devant une porte. Un rai de lumière s'échappait de sous la porte. Il tendit l'oreille et au moment où il se rendait compte qu'il ne savait pas où il était, il entendit ceci:



It was one of those days when it's a minute away from snowing. And there's this electricity in the air, you can almost hear it, right? And this bag was just... dancing with me. Like a little kid begging me to play with it. For fifteen minutes. That's the day I realized that there was this entire life behind things, and this incredibly benevolent force that wanted me to know there was no reason to be afraid. Ever.



dimanche 25 mai 2003

L. se promenait dans la grande bibliothèque, cherchant ce soir à percer un peu du voile qui l'entourait. Il tomba sur cette pièce à l'architecture complexe et déroutante. Il passa des heures à errer dedans, à regarder le moindre livre, à caresser des yeux le moindre parchemin. Des récits, des témoignages, tristes ou exaltés vinrent à lui. Des fantômes qui avaient vécu et aimé et qui comptaient leur histoire. Belles ou tristes, éphémères ou éternelles, elles étaient toutes les mêmes et pourtant toutes différentes. Pourtant elles n'ont pas changé. elles sont universelles et chacun se retrouve en elles.

Etourdi, L. sortit de la pièce avec deux citations, court et incomplet résumé de ce qui s'était passé en lui le temps de ses lectures. Il n'en avait qu'une à la base, mais la deuxième, tel un chat capricieux, l'avait suivi à son insu.



The mystery of love is greater than the mystery of death.

--Unknown



All I really need is love, but a little chocolate now and then doesn't hurt!

--Lucy Van Pelt (in Peanuts, by Charles M. Schulz)



L. sourit avec tendresse et se redirigea vers le palais de ses rêves....

vendredi 23 mai 2003

L. dormait dans un arbre qui le berçait de ses branches. En fait il ne dormait pas vraiment : il était dans cette phase où rêve et réalité se mêlent, où toutes nos sensations, de joie ou de stress semblent se multiplier. Il pensait à l’instabilité des choses, encore une fois.

Nous avons tous tendance à croire les choses comme acquises. Un couple ensemble depuis 5 ans se sépare et la nouvelle est telle une onde de choc. Quelqu’un qui s’en va au loin et s'éloignat de tout ce qu’il aime et qui faisait son quotidien.

Cette instabilité est une caractéristique qui n’existe que chez les personnes. L’arbre sera encore là pour l’accueillir. Son chat lui sera toujours fidèle.L. le savait.

Notre entourage est le décor mouvant de nos vies, celui qui anime notre paysage.

L. aussi avait changé depuis son voyage dans le Pays. Il avait appris et souffert.

Son monde de solitude était bien peuplé maintenant. Mais, quand le sommeil prenait, il avait parfois l’inquiétante impression qu’il n’était peuplé que de fantômes attendant de repartir dans les limbes…



« Tout bouge mais rien ne bouge… »

jeudi 22 mai 2003

Il existe tant de concisions et de vérité dans les citations. Elles sont un résumé d'une portion de vérité, une petite perle dans laquelle on peut observer tant de choses.

En voici une que certains n'auraient pas renier. Je pense en particulier à un "enchanted boy" qui "wandered very far over land and sea..."



Coeurs sensibles, coeurs fidèles,

Qui blâmez l'amour léger,

Cessez vos plaintes cruelles :

Est-ce un crime de changer ?

Si l'Amour porte des ailes,

N'est ce pas pour voltiger ?

N'est ce pas pour voltiger ?

N'est ce pas pour voltiger ?



(BEAUMARCHAIS)



Le Mariage de Figaro - Acte IV, scène X





mercredi 21 mai 2003

Pour quelqu'un:



Press on: Nothing in the world can take the place of perseverance.

Talent will not: nothing is more common than unsuccessful men with talent.

Genius will not: unrewarded genius is almost a proverb.

Education will not: the world is full of educated derelicts[(épave, clochard]



Persistence and determination alone are omnipotent.



--- Calvin Coolidge 1872



mardi 20 mai 2003

Feux d'artifices!!!! 1001 visites!!

Merci à tous ceux qui passent ici..Ca fait chaud au coeur.....
Après avoir relu et corrigé ce document exhumé d'une époque à la fois quasi préhistorique et toujours d'actualité, la suite et la fin de la Rencontre de Marty est ici :laissez-vous bercer par le charme de cette ville unique....Bienvenue au Yancy's...

dimanche 18 mai 2003

La rencontre (édition "révisée")



C’était un soir d’automne où l’hiver était en train d’investir l’air. La faible chaleur de la journée se retrouvait balayée par un vent froid, ambassadeur de la dure saison. Les feuilles mortes tourbillonnaient devant Marty en de folles danses que les voitures ne cessaient de rythmer.



Il était transi de froid et revenait du Dark Tower où il avait postulé pour être serveur. Avant de rejoindre le Corner, il décida de s’arrêter dans le premier bar venu. " Le Yancy’s ". Il entra rapidement et deux joueurs relevèrent la tête de leur partie de cartes pour aussitôt reprendre leur activité comme si de rien n’était. L’endroit était silencieux, mis à part une chanson que le vieux juke box rendait difficilement identifiable. Le patron s’occupait près de sa caisse et sa serveuse, seul symbole de jeunesse, regardait fixement la porte d’entrée.

Au mur, Marty remarqua des photos encadrées dont certaines avaient bien jauni avec le temps. Toutes représentaient des couples, de tous âges, une sorte de festival d’amour qui semblait bien singulier au vu du lieu.. Avant de s’asseoir, il regarda tous ces souvenirs aux sourires figés, emportés à jamais...

Il s’assit et commanda une chaude tasse de café.

L’ endroit semblait coupé de tout: loin des tourments de la rue et loin du temps qui passe. Il semblait être un étrange havre de paix pour le voyageur éreinté, tous ces portraits aux murs, souriants et réconfortants.. Il essuya la buée qui apparaissait sur le cadre juste à côté de lui: un couple sur la promenade au crépuscule. Un peu plus haut, un autre couple avec un enfant posait sur la place John Hope, juste devant la statue. C’était l’été, sûrement dans les années 70 à en voir leurs habits.



" Ils ne sont plus ensembles " dit soudain une voix devant lui.



Il sursauta légèrement ,se brûlant en serrant trop fort sa tasse. L’étrange personne devant lui semblait avoir surgi de nulle part. Le sourire béat de Marty disparut instantanément.

L’homme avait une coiffure poivre et sel assez volumineuse et Marty n’arrivait pas à savoir si c’était l’œuvre du vent facétieux ou s’il s’agissait d’une volonté esthétique. Ses yeux étaient d’un noir profond et semblaient le dévisager tout en donnant l’impression de regarder ailleurs.



" Nouveau en ville?

- Oui, je viens de Boston.

- Plutôt rare comme chemin. D’habitude on fait l’inverse.

- Disons alors que je préfère la discrétion, c’est mieux pour oublier, vous savez.

- Ah.. Eh bien si tu viens pour oublier, mon ami, tu n’es pas dans la bonne maison "



(à suivre)

vendredi 16 mai 2003

Il existe une ville à trente kilomètres de Boston dans le Massachusetts. Elle s’appelle Hope et c’est une des plus belles villes de la Nouvelle-Angleterre. On y trouve tellement d’endroits charmants que je ne résiste pas au plaisir d’en parler de quelques uns.

Sa promenade où les pontons s’allument à la tombée de la nuit sous les applaudissements des passants, le Parc John Hope au mystérieux arbre brûlé.

Le Bridge Park, un petit endroit de verdure où l’on trouve un vieux pont qui n’enjambe aucun cours d’eau mais seulement le sol.

La haute ville où les plus belles maisons, au bord des falaises, surplombent la mer.

Toujours sur les falaises, le théâtre des Ombres, un théâtre « antique » , où les acteurs tournent le dos à l’océan qui devient la nuit (toutes les séances commencent à minuit) la plus gigantesque des scènes avec le ciel et les étoiles comme décor. Hope est une ville à l’âme unique, un subtil mélange de beauté et de force.

Le joyau de Nouvelle Angleterre

La passion peut faire peur.. Elle attire souvent l’incompréhension et la raillera. Le passionné est vu comme une personne un peu étrange qui « n’a plus toute sa tête », une sorte d’enfant capricieux à qui l’on pardonne gentiment ses excès.

Mais qu’il est bon de sentir la passion nous transporter. Le souffle qui se fait plus court, le cœur qui explose, la pensée qui s’emballe. Sentir le monde se réduire à l’objet de notre second cœur, et la raison s’étioler délicieusement.

Mais quoi de plus instable que la passion ? Capricieuse, volatile, refusant la stabilité. Animal indomptable pétri d’instinct et de pulsion, elle vous pare d’ailes avant d’enfoncer ses griffes dans votre cœur.

Mais quel petit prix à payer pour échapper aux ternes couleurs d’une vie sans relief, régulée par la norme.



On se moquera si vous chutez, mais que de superbe quand vous volerez…



J'ai toujours préféré la folie des passions à la sagesse de l'indifférence.

Anatole France



jeudi 15 mai 2003

Fate, it seems, is not without a sense of irony....



mercredi 14 mai 2003

L. regardait au loin la vallée. Après un mauvais détour, il faillit se retrouver en cet endroit où la pluie ne cesse de tomber. Sa promenade avait pourtant débuté comme toutes les autres, mais il avait fallu la distraction d’une seconde pour que le pire n’arrive.

Il avait ressenti le souffle froid du vent, la puissance incontrôlable de cet élément qui n’attendait que de le rejeter à nouveau vers d’autres rivages de tristesse et de solitude.

Il était au loin maintenant, mais il frissonnait encore à l’idée de ce qui s’était passé. Ou plus précisément du pire qui avait été évité. Il ne souhaitait qu’une chose : retourné vers la grande plaine, là où les maisons et les châteaux ne surprendraient pas. Il s’était aventuré trop vite et trop loin. Il devait revenir vers des contrées plus connues. Un voyage peut vite tourner au désastre, si on n’y prend garde. Alors qu’il s’éloignait d’un pas vif mais ferme de cet endroit qu’il n’avait pas encore la capacité d’explorer, il lut ceci, accroché sur un grand arbre tordu :



The minute you think you’ve got it made, disaster is around the corner



L. mit cette phrase dans son paquetage ainsi que dans un coin de son esprit et continua sa route....



Mais qu’est-ce qui fait alors que nous sommes déçus par les autres ? Le fait que l’autre n’est pas celui que l’on souhaite ? Que nous l’idéalisons et lorsqu’il agit en étant lui même et non celui que avons rêvé, le décalage amène la déception ?

Où est-ce que cela fait partie d’un tout : qu’avec le plaisir vient immanquablement la déception, les deux faces d’une même pièce.

L. pensait à ce sujet futile et insoluble en fixant les petites vagues circulaires laissées par une pierre qu’il venait de lancer dans un étang calme comme le ciel.

Il était fatigué ce soir. Il se leva lentement et s’en alla dans la forêt.

lundi 12 mai 2003

Toujours à se promener, L. regardait au loin, les éclairs qui fendaient la nuit du Pays au dessus d’une vallée encaissée. C’était un gigantesque déluge qu’il observait en spectateur distant, posté sur une colline au loin, assis sur un rocher.

Il était passé par cette vallée il y a une vie de cela, lui semblait-il (que le temps passe vite lorsque l’on voyage) et elle s’éloignait un peu plus à chaque pas.

Pourtant, dans son voyage, elle n’était jamais bien loin. Toujours au détour d’un chemin, toujours au coin de l’œil, elle surgissait de nul part dans le paysage.

Il se rappela ce qu’il avait lu, quand il était entré dans la vallée.



It always rains on the unloved.



Maintenant que ciel s’était dégagé pour lui, que les étoiles brillaient à nouveau, lui inventant chaque nuit (et tout n’était qu’une nuit) de nouvelles constellations pour son plaisir, il savait qu’il n’avait jamais été aussi bas qu’au milieu du déluge. Il sait aussi qu’à contempler aveuglément le ciel, à s’enivrer de ses étoiles, le cou tordu jusqu’à rompre, un vent malicieux peut amener les noirs nuages, lourds de tourments et de chagrin. Ces nuages qui l’ont déjà surpris et qui l’ont jeté sur la route.. On n’en sort jamais vraiment indemne, toujours un peu changé.

Regardant toujours l’orage, il finit par détourner le regard et faire demi-tour. Il savait ce qu’il craignait le plus maintenant :



Etre renvoyé dans la vallée.

dimanche 11 mai 2003

Dans la liste des choses agréables et précieuses, il faut mettre en position avantageuse ces week-ends où les amis de longues dates viennent vous voir. Toutes les six semaines, ils se retrouvent chez l’un d’entre eux, et une fois leurs aventures nocturnes achevées, ils discutent, rient et parlent du temps qui a passé. Durant ces quelques jours, leur univers reprend vie, là où ils l’avaient laissé la fois d’avant. Il se rendormira jusqu’à leurs prochaines retrouvailles….Ce sont des moments simples et purs. Des moments qui font dire que l’on doit les transposer sur son blog, pour qu’ils laissent une trace. Des moments qui expliquent pourquoi le blog ne bouge pas pendant deux jours. La Real Life est inimitable tout de même….

jeudi 8 mai 2003

Dans une histoire, la fin est la partie la plus importante. C'est ce qui laissera une bonne appréciation au lecteur/spectateur.

Une bonne fin rattrapera une mauvaise histoire tandis qu'une fin ratée brisera la magie d'une belle histoire. Nous vivons des histoires tous les jours, petites ou grandes, importantes ou insignifiantes. Et autour de nous, les fins que nous rencontrons ne ponctuent que rarement des histoires précises. En ce sens que nos vies sont rarement aussi simples que dans les livres ou dans les films..

A y réfléchir, les seules fins que nous connaissons sont hélas les fins de vie. Et dans ce domaine, il existe une tradition anglo-saxonnes des "famous last words". Les dernières paroles. Tenant parfois de la légende, déformées par le temps ou des témoignages approximatifs, elles sont néanmoins arrivées jusqu'à nous...

Elle sont marquantes car là encore, les seules visions de dernières paroles que nous connaissons sont véhiculées par les livres ou les films.

Roméo s'en va dans une magnifique tirade, Satine également...Mais il est parfois difficile, à l'article de la mort, de trouver LA phrase qui passera à la postérité (tant il est vrai que dans ces moments là, ce n'est peut-être pas une priorité..)



En voici des vraies, de vraies personnes. Parfois drôles ou criantes de banalité, parfois touchantes de tragédie, comme ce que nous vivons tous les jours. Elles sont le mot "FIN" qui apparaît sur l'écran de nos vies...







"Pardonnez-moi, monsieur."..Marie Antoinette, alors qu'elle marche sur le pied du bourreau sur l'échaffaud.....



"I'm tired. I'm going back to bed."Georges Reeves, acteur de la série télé Supeman avant de se suicider en 1959



"Ma chérie, avant de me dire adieu et de m'embrasser, remettez vos cheveux en ordre" George Kelly, oncle de Grace.



"The ladies have to go first. . . . Get in the lifeboat, to please me. . . . Good-bye, dearie. I'll see you later.". John Jacob Astor, un des hommes les plus riches du monde à l'époque, cédant sa place à une jeune femme dans un des canots de sauvetage du Titanic et s'adressant à sa femme.



"Buvez à ma santé!" Picasso, 1973



"Demain, je ne serai plus là" Nostradamus, 1566



Et pour finir, voici deux des plus belles:



"Friends applaud, the comedy is over." Ludwig van Beethoven



"Now comes the mystery." Henry Beecher, abolitioniste, mort en 1887





Que restera-t-il de nous?

mercredi 7 mai 2003

Aujourd'hui, en pause. Pas d'histoire, L. dort du sommeil des justes, ses rêves et ses désirs marchant avec lui....

mardi 6 mai 2003

Dans une autre des maisons qui l'accueillait quand le sommeil le prenait, L. venait de tomber sur une vieille photo sépia. Elle était par terre, dans une petite cassette avec quelques bijoux sans autre valeur que sentimentale. Le papier avait jauni et se gondolaient, les couleurs avaient passé à force d'avoir trop regardé le soleil. L'image était celle d'un couple qui regardait avec sérieux l'appareil. Ils posaient contre le mur d' une cour qui devait être celle de leur ferme ou de leur maison. Ils devaient avoir trente ans même si en regardant avec plus d'attention L. aurait pu tout aussi bien pu leur en donner vingt ou quarante. L'homme avait le regard perdu au loin et tenait sa femme par l'épaule avec une certaine autorité semblait-il. Quant à elle, si elle ne souriait pas, elle avait une fascinante beauté éthérée.



Etrange vestige, étrange témoignage d'une époque disparue, déformé par le prisme des années. A l'époque, la vie était en noire et blanc. Les gens ne souriaient pas et ils avaient un sérieux déstabilisant. En fixant trop longtemps l'image, L. avait même l'impression que leurs têtes se métamorphosait lentement et qu'un sinistre sourire apparaissait sur leurs visages. Ce monde d'avant était muet, sans aucun bruit aucun et peuplé d'étranges personnes (fantômes?) qui ne connaissaient pas la joie....



L. remit délicatement la photo craquelée dans la cassette, aux côtés des bijoux. Il remarqua alors que le bracelet au poignet de la femme était dans la boîte.

Malgré le temps, il n'avait pas changé. Tout au plus le fermoir qui était un peu grippé et les couleurs un peu plus ternes. Il était froid et lourd. Il le reposa lui aussi.

Quant à la femme, il ne restait plus d'elle que cette photo oubliée et une inscription.

Quelque part.

Laure et Emile Charpentier se sont mariés à l’âge de 23 ans. Tous deux nés la même année dans le même village, Laure servait les clients dans l’épicerie de la bourgade. Emile, un solide enfant du pays avait repris à son compte la ferme de son oncle. Il avait une voix posée et caverneuse qui contrastait avec le rire cristallin de Laure ce qui enchantait les plus anciens.

Leur vie était simple et joyeuse.

Elle le fut encore plus lorsque Laure apprit qu’elle attendait un enfant.

Ils organisèrent une grande fête, par un chaud dimanche d’été. Le frère de Laure descendit même quelques jours de Paris avec l’appareil à photographie de son magasin pour immortaliser l’événement. C’était la première qu’ils étaient pris en photo tous les deux. Laure mit son plus beau bijou pour l’occasion. C’était un bracelet qui appartenait autrefois à sa grand-mère et qu’elle avait juré de passer à sa fille s’il plaisait à Dieu que l’enfant en elle en soit une.

Emile s’inquiétait plutôt de l’orage qui se préparait. Tout le monde éclata d’ailleurs de rire lorsque que le flash de l’appareil coïncida avec le premier éclair qui zébra le ciel.

Chacun courut se mettre à l’abri dans une joyeuse débandade quelques instants après….

On parla pendant longtemps coin de cet orage extraordinaire qui arracha plusieurs arbres et fit déborder la paisible rivière du village…

Plusieurs mois s’écoulèrent et par un jour d'octobre qui avait tout pour être aussi anodin que les autres, le drame survint.

A la suite d’une mauvaise chute, Laure perdit son enfant. Emile, subjugué de douleur ne dit pas un mot quand le docteur lui annonça quelque jours après que les fièvres avaient emportées sa femme. Certains dirent qu'il n'avait plus de larmes pour pleurer.

Il sombra alors dans l’alcool et la mort s’installa dans son âme. Il n’était plus que l’ombre de lui même, délaissant ses bêtes et ses labours.

Un soir de novembre, alors que le vent soufflait au nord, il mit le feu à sa ferme. Nul ne sait vraiment ce qu’il advint de lui, la vérité et les opinions de chacun ne faisant pas bon ménage. Tout ce que l’on sait avec certitude, c’est que plus personne ne le revit après.

Rien ne put en être sauvé de l’incendie, excepté une petite cassette que Laure mettait derrière une pierre amovible du mur de sa chambre.

lundi 5 mai 2003

L'avantage de faire un beau métier, c'est qu'on côtoie de belles lettres. En écho à la la découverte de l'île des morts par L., je lui envoie ceci pour qu'il le mette dans la bibliothèque du Pays:



Je vois les reflets d'une aurore dont je ne verrai pas se lever le soleil.

Il ne me reste qu'à m'asseoir au bord de ma fosse;

après quoi, je descendrai hardiment,

le crucifix à la main, devant l'éternité.



Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe

dimanche 4 mai 2003



C’est ce qui fait que je vais regretter ma ville. Quand le ciel nous rappelle nos après midi sans fins d’été, il y a à côté du canal, une longue promenade. Plutôt minérale, de longs et larges bancs permettent à tout moment de s’arrêter pour regarder les bateaux de plaisance. Le quai est l’endroit privilégié pour tout ce qui roule. On peut chuter en roller à peu de frais sans aucun problème.

Quand le soleil donne, comme en ce moment, les plus vieux s’y promènent en famille, les djeunzes s’essayent à quelque figure de skate qui bien souvent leur échappe. Des étudiants lisent, des collégiens goûtent aux premières sorties entre copains, les amoureux sont sur les bancs et se racontent des histoires qui n’appartiennent qu’à eux.

Et toutes ces petites scènes sont rythmées par le balai régulier des rollers qui vont et qui viennent avec la régularité d’un métronome.

Tout cela est aussi à mettre dans le petit livre de nos bons moments…



Et cette fois ce n'est pas L. qui mettra ceci dans un coin de son esprit et qui continuera sa route....





Tard le soir. L. doit être endormi dans ce monde calme et tranquille, de l'autre côté du miroir.

Je le laisse et je suis de nouveau dans ces moments de stase. La ville bouge lentement en ce samedi soir. J'écoute "Seul au monde" (BO d'Alan Silvestri) et les souvenirs reviennent, à pas feutrés mais je les entends à 10 lieux à la ronde....

Je discute en même temps avec un vieil ami que je retrouve grâce à Internet.

Passé, présent et futur se mêlent étrangement. Un subtil mélange de mélancolie, de joie et de doux souvenirs.

Mon gris compagnon est assis au garde à vous, imperturbable. Le sommeil l'engourdit et commence aussi à s'emparer de moi.

Normalement, là, je devrais trouver une citation pour conclure ce post avec panache. Mais pas ce soir.

Ce soir, ce sera juste le silence. Et les notes que je suis seul à entendre.
Never let yesterday take up too much of today.

-common saying-

samedi 3 mai 2003

L. était de retour dans la grande bibliothèque. Mais cette fois il n'errait pas à travers les galeries de livres.

Il était parmi les tableaux. Dans un silence uniquement troublé par ces pas qui résonnaient dans la pénombre il laissait son regard se promener d'une toile à l'autre.

Tant d'émotions prisonnières de ces huiles, tant de voyages en pensée devant ces couleurs. Tant de sentiments qui naissaient en lui quand ses yeux servaient d'entremetteurs entre son âme et ces oeuvres.

Il avait aussi la preuve qu'une hisoire pouvait être racontée sans qu'aucun mot ne soit utilisé. Steinbeck disait qu'une histoire était une bonne histoire si chacun pouvait se retrouver en elle. C'est ainsi que la Génèse était une histoire universelle, que chacun se retrouvait dans l'histoire d'Adam et Eve ou de Caïn et Abel.



En voici une autre, tout aussi universelle, que L. vient de voir et d'écouter:







Abandon hope all ye who enter here -Dante

vendredi 2 mai 2003







L. continuait son chemin. Ses pensées étaient légères et inconséquentes. Il s’arrêtait dans quelques demeures, abandonnées comme toutes celles du Territoire. La nuit perpétuelle, où plutôt le crépuscule perpétuelle l'obligeait malgré tout à dormir. Au détour de ses pensées, il vit une maison perdue à côté d'une forêt.

L'endroit était paisible et sauvage. La masse noire de la forêt surveillait la frêle habitation et un vent frais semblant venir de nulle part accompagnait les clameurs de la nuit.

L. se sentit mystérieusement attiré par l'endroit qui n'avait pourtant rien de confortable ou de vraiment accueillant. Pourtant une fois dans la maison, il s'endormit rapidement.



A son réveil, après une nuit d'un sommeil lourd et réparateur, il trouva sur une chaise cette citation qu'il commença à lire:



Now this is the law of the jungle -

As old and as true as the sky;

And the wolf that keep it may prosper,

But the wolf that shall break it may die.




Il se mit à réfléchir.

Il arrive que nous ne soyons plus humain. Nous ne sommes parfois qu’une présence, une forme creuse et vide, et en aucun cas un être pensant, au vernis superficiel de civilisation.Nous sommes une coquille vide dont la dispariton n'empêcherait en rien le monde de tourner ni la nature de s'arrêter..

Cette jungle est partout et perpétuelle.

Elle ne connaît qu'un seul principe et il divise ses sujets en deux catégories:



ceux qui sont mangés et ceux qui survivent.



Il en est tragiquement ainsi. Cette loi est sans recours. Elle ne connait aucune alternative. Elle est vide de tout autre sentiment que celui de la survie. Exempte de passion, ne connaisant ni l'amour ni la joie ou la peine. Elle est d'une pureté incorruptible, d'une universalité éternelle.

Elle remonte à l’aube des temps. Elle est la plus ancienne règle, notre plus fort instinct: la survie du plus fort.

Ou des plus forts. Rien dans cette loi ne nous empêche de s'allier, de combattre avec quelqu'un. Elle semble même le conseiller dans sa brutale énonciation:



And the strength of the pack is the wolf

And the strength of the wolf is the pack.




Seul, où peut-on aller? Seul, peut-on survivre ? Seul, pouvons-nous vraiment lutter?







Quelque peu secoué mais encore plus déterminé, L. mit donc ces mots dans son paquetage ainsi que dans un coin de son esprit et continua sa route....



Now this is the law of the jungle -

As old and as true as the sky;

And the wolf that keep it may prosper,

But the wolf that shall break it may die.

As the creeper that girdles the tree trunk,

The law runneth forward and back -

And the strength of the pack is the wolf

And the strength of the wolf is the pack.





-Rudyard Kipling





jeudi 1 mai 2003

Hier je suis retourné les voir.

Eux qui ont été des compagnons silencieux. Eux desquels j'ai parlé pendant plus d'un an, avec passion je l'espère.

Je ne sais pas s'ils m'attendaient quand je venais, mais moi je sais que c'était toujours avec un pincement au coeur que je leur rendais visite.

Chaque jour, pour raconter leurs exploits, je changeais de personne, et puis des noms ont commencer à revenir comme celui de Fontaine Matthews pour ne citer que lui. Mais ils sont tellement plus nombreux..(Norman Tewes, Claude Zanni, Richard Miller...)

Puis il y a Mary qui est là aussi, parmi eux.

Qu'il pleuve ou qu'il vente, sous le soleil d'été ou la bise d'hiver, ils sont là, silencieux, les uns à côté des autres.

La dernière fois que je les avais vu, avant d'arrêter, j'avais dit à ceux que j'accompagnais qu'ils seraient ce qui me manquerait le plus..

Ces 9 387 personnes.

Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis ému et heureux de vous avoir revu, les gars.