samedi 5 avril 2003

Les ténèbres familières le protégeaient alors qu’il parlait avec lui. A chaque mot qu’il prononçait il sentait les chaînes du passé se briser. Là où il attendait la douleur, apparaissaient le calme et la sérénité, alors qu’il réalisait enfin.

Le fantôme n’était pas venu là pour le hanter mais pour être libéré.



Lui : je veux que l’on soit toujours ensemble, qu’il n’y ait plus rien après nous, je veux que l’on ait des enfants et que l’on vieillisse côte à côte.

Elle : moi aussi…




Lorsqu’un monde s’effondre, la poussière et les débris sont constitués de souvenirs aussi tranchants que le verre. Chaque moment, chaque instant partagé à se créer un univers deviennent après le cataclysme autant d’épines dans le cœur.

La belle promenade sur la plage laisse place à une émotion froide quand une odeur, un rire, un mouvement font replonger en arrière. Une expression, une lumière, un objet étaient autant de remous surgis du plus profond de L. Son présent était hanté et n’existait pas. Il survivait à son passé.



Elle : je veux que l’on se sépare.

Lui : mais pourquoi ?

Elle : parce que, parce que je ne suis plus amoureuse de toi






L. était submergé car il se rendait compte que c’était un adieu. Cette discussion tant redoutée n’était plus faite de mots mais de souvenirs. Elle était le véritable épilogue de cette histoire. Bien sur, la fin n’était pas celle qu’il avait imaginée et encore moins souhaitée. Elle avait été faite de bruit et de fureur. L. n’ignorait pas que si chacun peut écrire le début d’une histoire, la fin n’appartient à personne, si ce n’est à l’histoire elle-même.



Dans le calme de cette nuit chaude, il n’y avait plus d’éclats. Le fantôme lui donnait ses souvenirs et L. le nourrissait de ses émotions.



Une tristesse qu’il ne soupçonnait pas l’envahit, remplaçant la douleur. Cette douleur muait, s’apaisait sous la lune naissante. Quelque part, il comprenait. L. réalisait que ce n’était pas elle, que ce n’était plus avec elle que son chemin continuerait. Elle qui avait été son présent et son avenir glissait inexorablement dans son passé, à chaque mot, à chaque phrase, à chaque larme. Son souvenir se figeait peu à peu, pour rejoindre une longue galerie de fantômes. Il savait qu’elle aurait toujours une place à part dans cette bouteille de souvenirs et cette pensée lui fit chaud au cœur.…..



Combien de temps cela dura-t-il ? Que se dirent-ils durant ce denier adieu ? Tout cela ami lecteur, passager d’un moment, compagnon de route, cela n’appartient qu’à L. et à son fantôme. Et c'est enfin en paix, mais commençant leur deuil que nous les laissons pour ce soir.



Qu'ils puissent bien vite trouver le repos.


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