dimanche 30 mars 2008
Ce grand jour, nouvelle expérience
Rouen. Misery. J'arrive donc à 11 heures pour le conseil de classe et une mère d'élève est présente. Elle ne se présente pas et quand je lui dit bonjour, je remarque un certain regard. Son fils est le deuxième de la classe. Absent régulièrement, racontant des histoires à sa mère, le pauvre bichon est un martyr avec 18 demi-journées d'absence.
Tout du moins c'est qui sort de son envolée lyrique contre moi. "Je vais avoir des choses à dire" me dit-elle. Et là son visage se métamorphose, elle me pointe du doigt et me dit que ça suffit, que son fils est mon bouc émissaire, que j'ai dit qu'il n'avait pas de neurone, qu'il était con, que je critiquais sans cesse son blouson et la chaîne qu'il avait autour du cou.
Là, autant vous dire que l'ambiance s'est trouvée un peu refroidie. La proviseur adjoint me dit de ne pas répondre, fait signe aux professeurs d'en faire de même. Elle la reprend et lui explique que c'est un conseil de classe et s'il y a un problème, qu'elle demande un rendez-vous.
Je lui réponds néanmoins que ce qu'elle raconte est grotesque et qu'on allait en parler après le conseil. J'étais furieux. D'autant plus que les trucs dont elle me parlait remontait au mois de novembre et que tout venait d'un cours du lundi matin.
Bref, venue exprès pour régler des comptes, cette mère appelle régulièrement le lycée pour engueuler l'administration car son fils vient en cours pour deux heures. Le souci c'est que comme elle est persuadée que son fils chéri a raison sur tout, elle ne se rend pas compte que son fils lui ment et qu'il "oublie" donc de lui dire qu'il y a d'autres heures, car parfois il arrive qu'on bosse aussi. Bref ce genre de mère hystérique qui a un souci avec l'Education Nationale.
A la fin du conseil je vais la voir: et là, pendant 15 minutes je lui explique la manière de voir les choses, que 80 de mes élèves ont des gourmettes et qu'il fallait un peu arrêter la parano. Par contre que son fils ne foutait rien (et elle était d'accord), qu'il jouait un peu trop au caid qu'il n'était pas (le petit chou qui a mal au ventre en venant dans mon cour) et là elle me répond: oui, c'est un rôle qu'il se donne. Elle me répond que je suis un tyran qui a des têtes de Turcs et que ce n'est pas normal de vouloir les forcer à travailler ainsi!!!!!!!!!!!!!!!! Et elle me ressort le coup de sa chaine. Là j'explose à nouveau, lui demandant si on n'allait pas remonter à la 6ème aussi. Au bout d'un moment voyant tous ses arguments s'effondrer (et pêle-mêle elle couvre ses absences car il ne va pas à l'école s'il y a peu d'heures, que c'est normal de ne pas travailler si ça ne va pas avec le prof), j'ai eu l'impression de parler à mes élèves. J'ouvrais les grandes orgues, j'y allais de tous mes regards les plus noirs. Une fois le cas réglé, je retourne au conseil de classe et là ma proviseur adjoint me dit: vous n'êtes pas mort?
-Non, c'est elle qui l'est.
Mes collègues se mettent tous derrière moi. Ainsi que l'administration. Mais mardi je vais devoir régler celà avec une classe d'élèves qui utilise le mensonge aussi bien que la mauvaise foi. Qu'auront dit les délégués de tout celà, car eux ne savent pas ce qui s'est passé après le conseil. Que dira le fils et surtout qu'aura raconté cette incarnation de la pondération, des arguments fondés et la bonne foi à son fils?
Tant de questions dont j'aurais la réponse mardi.
Mais ma journée n'était pas finie. En attendant le second conseil de classe, je mangeais durant mes 10 minutes de pause. Et là on vient me voir: Fiddler il y a une mère au bureau qui veut vos voir. Il y a un souci. Arghhhhhhhhhhhhhhhhhhh.
Heureusement, celle-ci possédait cette denrée qu'on appelle l'intelligence. Les absences de son fils étaient dues à des migraines et cet idiot n'en disait rien (ni l'infirmière d'ailleurs..). Bref le problème s'est réglé dans le sourire et la joie. Ca fait du bien?
C'est sur que ce post est un peu expiatoire mais aussi c'est pour montrer ce qui nous arrive également et pour se dire que dans ce métier, il faut parfois être assez solide, pris entre le feu d'élèves menteurs qui sont des anges, de parents qui se mettent derrière eux. Je suis monté le soir sur Caen et j'ai remarqué que je roulais un peu vite.
(post non relu)
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