samedi 18 juin 2011

La vie

Rouen. Bar des Antilles. Je les vois à coté de moi, ces deux bougres. Lui, le visage rougi par de l'alcool, la voix rauque qui s'adresse à sa femme/compagne complètement ivre. Celà parle d'alcool, de misère, d'adultère et de sexe tellement fort que tout le monde entend et que cela m'empêche de me concentrer malgré ma musique. Parfois des rires mais l'indécision de la femme et son ivresse font que la colère revient sur savoir quand ils doivent partir. Tout fonctionne en cycle. Pour les autres clients aussi. Au début on en rit mais ensuite on fait comme si on n'entendait rien. Leurs éclats de voix ralentissent les conversations des uns, font baisser la tête aux autres. Il a pourtant l'air gentil cet homme. Dans ce couple qui sombre, il est celui qui tente de la tirer vers le haut. Elle demande des religieuses au chocolat, des cigarettes, demande si elle peut se laver chez la mère de celui à qui elle vient de dire " je ne t'appelle plus mon homme"' dit qu'elle l'aimait, avant. Elle semble oublier les phrases qu'elle a prononcées la minute précédente. Avant de n'être que tous les deux, leur fils, un ado comme ceux que j'ai a tenté de parler à sa mère, énervé et navré par celle-ci. Il est parti il y vingt minutes, et depuis c'est ce mélange de disputes, émaillées de jurons, d'incompréhension que les ravages de l'alcool créent dans toute leur cruauté.
Et quand ils s'en vont, tout le monde se regarde, un sourire complice et gêné aux lèvres.
Cela vous vide le moral, ce spectacle.

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