Dans le Pays, les chansons sont amenées par le vent de nulle part et repartent de manière aussi capricieuse. L. l'avait appris dans la bibliothèque. Dans l'autre monde, (celui qu'on appelle communément le notre), on sait que ce n'est pas le vent. Certains racontent que c'est l'esprit de quelqu'un qui nous le souffle, à travers le voile. Ainsi, à travers nous, il se ressent vibrer et se rappelle ce qu'étaient la joie et la tristesse...
L. a trouvé cette chanson alors qu'il ouvrait un coffre dans une énième maison abandonnée. Elle s'échappa dans l'oubli du Pays.
Quand il revint dans sa tour, elle était là, capturée par le papier des belles émotions.
Il ne se sentait pas veritablement concerné mais les mots sont ce qu'ils sont: bien maniés, leur alchimie est redoutable.
Hier encore,
J'avais vingt ans
Je caressais le temps
Et jouais de la vie
Comme on joue de l'amour
Et je vivais la nuit
Sans compter sur mes jours
Qui fuyaient dans le temps
J'ai fait tant de projets qui sont restés en l'air,
J'ai fondé tant d'espoirs qui se sont envolés
Que je reste perdu ne sachant où aller
Les yeus cherchant le ciel
Mais le coeur mis en terre
Hier encore,
J'avais vingt ans
Je gaspillais le temps
En croyant l'arrêter
Et pour le retenir même le devancer
Je n'ai fait que courir et me suis essouflé
Ignorant le passé
Conjugant au futur
Je précédais de moi toute conversation
Et donnais mon avis que je voulais le bon
Pour critiquer le monde avec désinvolture
Hier encore,
J'avais vingt ans
Mais j'ai perdu mon temps
À faire des folies
Qui ne me laisse au fond rien de vraiment précis
Que quelques rides au front et la peur de l'ennui
Car mes amours sont mortes avant que d'exister
Mes amis sont partis et ne reviendront pas
Par ma faute j'ai fait le vide autour de moi
Et j'ai gâché ma vie et mes jeunes années
Du meilleur et du pire
En jetant le meilleur
J'ai figé mes sourires et j'ai glacé mes pleurs
Où sont-ils à présent,
À présent,
Mes vingt ans?"
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